La situation n’est pas grave, mais presque désespérée : selon une information des Échos, Bercy tablerait finalement sur un déficit public de l’ordre de – 5,6% du PIB en 2023.
De son côté, le Figaro, avance le chiffre de – 5,5 % avec une marge d’erreur de 0,3 point, ce qui pourrait conduire le pourcentage final autour de 6% !
Ces révisions font écho aux déclarations de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, qui, début mars annonçait que le déficit filerait « significativement » au-delà de – 4,9%.
La situation est assez sérieuse pour que Emmanuel macron ait organisé le 20 mars dernier une réunion avec les chefs des partis et présidents de groupes parlementaires de la majorité les invitant à serrer les boulons.
Exprimé en pourcentage, le déficit public correspond au solde annuel négatif du budget d’administrations publiques, lorsque les dépenses dépassent les recettes : impôts, taxes, etc.
En 2019, ce déficit représentait 3 % du PIB, mais sous l’effet du « quoi qu’il en coûte » il a filé à 9 % en 2020. Depuis Bercy ne cesse d’annoncer un retour à vertu budgétaire auquel pas grand monde ne croit.
Début 2024, la Cour des comptes a notamment jugé que l’objectif de Bercy – repasser sous la barre des 3% d’ici 2027 – est inatteignable.
Le niveau du déficit public 2023 – que l’Insee chiffrera fin mars – est négatif pour l’image de la France qui se trouve reléguée parmi les cancres budgétaires de la zone euro, juste devant l’Italie dont déficit public atteignait 7,2% du PIB en 2023 (8,6% en 2022).
Pour réduire le déficit, l’exécutif annonce sa volonté de freiner les dépenses d’assurance chômage et de santé. Et, il recourt massivement à l’emprunt.
Une vieille recette : entre 2019 et 2023, la dette nationale est passée de 97 % à 112 % du PIB. Elle représente aujourd’hui plus de 3200 milliards. Avec la Grèce et l’Italie, la France est le pays le plus endetté de la zone euro.
Et le compteur continue à tourner. France-Trésor prévoit de lever 285 milliards d’euros supplémentaires sur les marchés financiers en 2024.
Ces emprunts successifs alourdissent une charge de remboursements qui représentera bientôt le premier poste de dépense de l’État (52 milliards en 2024).
La dégradation des comptes publics est si préoccupante que le sommet de l’État anticipe désormais une baisse du rating français. Les agences de notation rendront leurs copies entre début avril et la fin mai 2024.
Fin 2023, l’influente agence de notation financière Standard and Poor’s a maintenu la note de la France (AA) à flottaison, mais en l’assortissant d’une perspective négative en raison d’un déficit budgétaire et d’une dette publique élevée.
La nouvelle dégradation de la situation des comptes pourrait l’inciter à une révision à la baisse, ce qui jouerait négativement sur le loyer de l’argent que Paris verse à ceux qui lui apporte des fonds.
« Le risque, c’est que nos créanciers prennent peur » affirmait récemment l’économiste François Escalle, fondateur du site Fipeco, sur l’antenne de France Inter.